Je me souviens.
C’était en 1982, j’avais 21 ans.
Je venais effectuer mon stage de journaliste dans une ville du Nord de la France de 50 000 habitants et j'étais logé chez une dame qui s’appelait, ca ne s’invente pas, Madame Violette.
C’était une petite femme de 80 ans qui était un peu taciturne. Elle avançait avec sa canne et elle m'a bien précisé « Surtout vous n’accueillerez pas de jeunes filles ici (on vous connaît les jeunes parisiens, et étudiant journaliste en plus cela doit être quelque chose tiens !). Sinon ce sera 100 francs par mois. D'accord?
J’eu droit à une chambre qui ressemblait à un musée et je m’entendais plutôt bien avec ma logeuse qui parfois me racontait sa vie et ses problèmes.
Un peu plus tard je découvris qu’en fait elle était en binome avec une autre vieille dame qui vivait dans l’immeuble voisin, et qui partageait son appartement avec treize chats.
Du peu que j’en appris en discutant avec les gens du quartier, Madame Violette et disons "la Dame aux chats", étaient des amies depuis longtemps. Mais la Dame aux chats ayant des difficultés à marcher avec l’age avait fini par ne plus sortir et sa porte s’était mise à gonfler avec l’humidité si bien que plus personne ne pouvait ni entrer ni sortir de ce lieu.
Le seul lien avec l’extérieur était Madame violette qui lui déposait dans un panier d’osier sa nourriture, son courrier, ses croquettes pour chat et son journal. Le panier était accroché à un ficelle qui elle même pouvait être hissé au quatrième étage grâce à une poulie.
Et pour ce qui est de la communication orale cela se passait par téléphone les deux vieilles dames discutant tous les jours au téléphone pendant des heures.
En fait madame Violette et la dame aux chats, dont je ne connaissais ni le nom ni le visage, formait une sorte de couple qui s’aimait à leur manière.
Je suis resté trois mois en journaliste localier d’été et puis j’ai repris mes études à paris. L’année suivante j’ai rencontré la journaliste qui m’a remplacé et j’ai demandé si elle était elle aussi logée chez madame Violette.
- Tu ne sais pas ? Madame Violette est morte.
- Et la dame aux chats ?
- Quelle dame aux chats ?
Bon sang, ils ont oublié la dame aux chats. Alors j’ai passé des coups de téléphone a mes anciens collègues et peu à peu j’ai fini par apprendre la suite de l’histoire.
En effet après la mort de madame Violette personne n’a pensé à s’occuper de la dame aux chats.
Et celle ci n’a pas su ou pas voulu utiliser son téléphone pour appeler à l’aide.
Ce sont les voisins qui ont fini par appeler les pompiers à cause de l’odeur qui se dégageait de l’appartement de la dame aux chats.
Et quand trois mois après la mort de madame Violette ils ont fini par défoncer la porte ils ont trouvé…
Enfin vous vous doutez de ce qu’ils ont trouvé.
Donc ce sera la première de mes histoires ou je ne vous raconte pas la fin mais je vous laisse utiliser votre propre sens de la déduction pour la comprendre.
Toujours est il que je pense malgré tout que les chats aiment les humains.
.... A leur manière.
Ps 1: Cela dit 13 chats c'est trop.
Ps 2: Et je crois qu'il vaut mieux ne jamais dépendre des autres pour sa propre survie.